
« Il ne scet riens que ne va hors » (il ne sait rien celui qui ne voyage pas) Eustache Deschamps (1340-1404), poète.
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage … Même si, comme le dit Joachim du Bellay dans son poème, béni soit le retour en sa maison, (où que soit ce « Home Sweet Home », sur la Terre ou dans la Lune, sous les mers ou dans l’espace), les péripéties d’Ulysse restent un appel à l’aventure, qui traverse les millénaires et continue de nous fasciner, au XXe siècle, transposé par des écrivains comme Raphael Lafferty et ses Chants de l’espace, comme au XXXIe siècle, avec le périple spatial du célèbre dessin animé Ulysse 31.
Si les voyages forment la jeunesse, alors la science-fiction est une grande formatrice. Voyager n’a pas eu toujours le même but. Ce fut d’abord voyager « utile », en allant juste d’un lieu à un autre dans un but précis, comme le commerce, la religion ou la guerre. La peur et l’ignorance forçaient le peuple à rester sur son territoire, quand il n’y était pas enfermé par ses seigneurs et maîtres. Puis vint l’attrait de l’inconnu et du mystère, le désir de fuir la routine et l’ennui, ou la misère. Voyager pour découvrir « l’autre » et explorer « l’ailleurs », de plus en plus loin, autour de la Terre puis vers les étoiles.
En science-fiction aussi, au début, ce sont les destinations qui comptent, plus que le voyage en lui-même. Ce dernier se fait en une rapide description, en ballon, avec des plumes ou de la rosée, ou juste par l’esprit, pour vite laisser la place aux récits des aventures sur les lieux de destination. Il faudra attendre la fin du XIXe avec le développement technologique et le XXe avec celui des sciences en général et astronomique puis astronautique en particulier, pour que le voyage en lui-même devienne aussi source d’inspiration et que le voyageur-cosmonaute devienne le nouvel héros des temps modernes, ce qui se passe au fond de son esprit devenant aussi important que ce qui se passe dans le moteur de son astronef.
Qui n’a jamais rêvé d’accompagner ces aventuriers de l’espace dans leurs fiers vaisseaux se déplaçant de planètes inconnues en galaxies mystérieuses, traversant le dangereux vide intergalactique pour découvrir de nouveaux horizons à peine imaginables pour l’esprit humain ?
Qui a oublié les voyages extraordinaires de Jules Verne, de la Terre à la Lune, 20 000 lieues sous les mers ou au centre de la Terre ?
Qui a oublié les voyages dans le Temps, avec les Morlocks de.Wells, ou le Voyageur imprudent de Barjavel ?
Certaines des bases de la science-fiction sont là. Imaginer les transports du futur ou bien ceux de créatures d’autres mondes. Penser aux conséquences des voyages transgénérationnels au sein d’une arche stellaire ou à travers la quatrième dimension. Utiliser les drogues ou la technologie pour découvrir ses propres mondes intérieurs. Le tout avec précisions et rigueurs scientifiques ou au contraire avec la fantaisie d’un imaginaire débridé ; pour nous faire réfléchir ou juste pour nous divertir.
L’exposition « Voyages, Voyages… » propose quelques voyages en rétro-science-fiction, des premiers siècles aux années 50, sur Terre (dessous, dessus, sur mer et dans les airs), dans le temps et dans l’espace, y compris dans notre espace intérieur ; dans le micro ou le macrocosme et entre les dimensions. Elle nous montre comment, par le passé, l’homme imaginait les voyages de son futur, souvent avec beaucoup de naïveté, parfois avec de fortes presciences, dans une optique de pur divertissement ou dans une volonté soit d’imaginer une société meilleure et plus performante, soit de critiquer celle en place en se servant du futur et de l’ailleurs comme effets grossissants. Pour illustrer tout cela, des images hautes en couleurs et aux compositions dynamiques, extraites de divers supports : BD, films, romans et surtout revues de science-fiction, dont ces fameux magazines américains à bas prix et très populaires de la fin du XIXe siècle au milieu des années cinquante, imprimés sur du papier de mauvaise qualité, à la pulpe de bois peu raffinée, d’où leur surnom de Pulps et dont de rares exemplaires seront exposés en vitrines.
Une exposition réalisée par Jean-Yves Freyburger, organisée par l’association Les Hypermondes dans le cadre de son cinquième salon, Voyages, du 20 au 21 septembre 2025 à la médiathèque Michel Sainte-Marie, 19 place Charles De Gaule 33700 Mérignac – tél. : 05 57 00 02 20


